Aménagement numérique du territoire : Pas si simple ?

 

Qu’il s’agisse de très haut débit fixe ou mobile, on entend de plus en plus dire que la France occupe désormais une place de presque dernier dans les classements européens récemment publiés. Triste performance pour un pays qui a fait du déploiement du très haut débit une priorité nationale, au cœur de la politique d’aménagement numérique de ses territoires.

Les investissements semblant aller bon train*, et ce, en dépit d’un contexte de marché peu propice au dire des opérateurs, les raisons à ce retard sont de toute évidence à chercher ailleurs : Disparités géographiques ? Performances encore suffisantes du cuivre pour une majorité d’usages ? Difficultés pour les intégrateurs à recruter des personnels formés ? Et peut-être bien d’autres raisons encore ?

Un retard également paradoxal quand on sait que c’est en France que sont nées les technologies qui supportent aujourd’hui l’internet mondial, qu’elle est l’un des pionniers de la concurrence dans le secteur des télécommunications, et qu’elle a créé un modèle de régulation aujourd’hui exporté dans le monde entier qui a su, de surcroit, générer les conditions juridiques de solides partenariats public-privé !

Corrélativement à cette situation, les conditions du marché français des télécommunications ont favorisé le développement d’un autre phénomène, plus discret que celui très médiatisé de la fracture numérique territoriale mais non moins délétère tant pour l’économie des territoires que pour leur cohésion sociale : celui de la trop faible connectivité en très haut débit des TPE et PME. Une situation devenue préoccupante tant ses conséquences sur la vitalité du tissu économique français et la compétitivité de ses entreprises sont grandes dans un contexte de numérisation globale.

Si céder à la tentation de faire le procès des politiques et plans successifs d’aménagement numérique du territoire n’avancera en rien ce dernier, il n’en demeure pas moins que la France a aujourd’hui besoin de lui donner un nouveau souffle. Elle y est d’ailleurs invitée, pour ne pas dire obligée, dans un contexte de révision du cadre européen et de ruptures technologiques associées aux récentes évolutions technologiques, qu’il s’agisse de la 5G, du G-Fast, DOCSIS ou autres technologies satellitaires.

Cette 11ème édition des Assises du Très Haut Débit marquée par l’arrivée aux affaires d’une nouvelle équipe gouvernementale et une Assemblée nationale renouvelée, sera l’occasion privilégiée de rouvrir le débat, avec toutes les parties prenantes de l’aménagement numérique du territoire une nouvelle fois réunies, et de proposer des solutions pour donner un nouvel élan au très haut débit.

Jacques MARCEAU

Président d’Aromates

Co-fondateur des Assises du Très Haut Débit

 

 

* Observatoire de l’Arcep du haut et très haut débit : https://www.arcep.fr/index.php?id=13609