«  Quels réseaux Très Haut Débit face aux défis de la transformation numérique ?»

Transports, énergie, santé, commerce, industrie, … en moins d’une décennie le numérique a pénétré toutes les activités essentielles de notre société pour en devenir le système nerveux central et conférer aux réseaux qui le constituent une dimension d’infrastructure vitale, socle non seulement de l’innovation et du développement économique futur, mais encore de l’organisation de notre société toute entière.

Il ne s’agit en effet plus aujourd’hui d’apporter davantage de confort à des téléspectateurs ou autres e-consommateurs, mais de supporter des usages dont dépendent chaque jour un peu plus nos équipements électriques domestiques, nos usines, nos hôpitaux, nos trains, nos avions, et bientôt nos automobiles. Cette dépendance au numérique et à ses réseaux exige de ces derniers qu’ils soient Très Haut Débit, bien entendu, mais aussi déployés dans les meilleurs délais sur la totalité de nos territoires afin d’assurer une connectivité sans couture. Mais encore il faut désormais qu’ils soient infaillibles, incorruptibles et souverains.

– Des réseaux infaillibles car la moindre panne, le moindre incident est dorénavant susceptible d’engendrer des désordres majeurs dommageables tant pour notre sécurité que pour notre économie, notre environnement ou même, notre cohésion sociale.

– Des réseaux incorruptibles car le risque s’accroit à mesure de la transformation numérique de leur vulnérabilité à la malveillance voire à des attaques organisées destinées à porter atteinte à la sécurité nationale.

– Des réseaux souverains car notre pays ne peut accepter d’être dépendant d’une gouvernance numérique qui échappe à nos institutions démocratiques et contraire à la volonté et aux choix des citoyens.

Alors que certains territoires n’ont toujours pas accès au très haut débit ou même ne sont toujours pas couverts en simple 2G, le chantier de l’aménagement numérique du territoire prend ainsi, et sous l’effet de la transformation digitale, une dimension nouvelle. Celle-ci exige non seulement une vision stratégique et industrielle sous-tendue par une volonté politique sans faille mais encore une parfaite maîtrise des technologies et une recherche permanente de l’excellence en matière de qualité, de performance et de résilience des réseaux, qu’ils soient fixes ou mobiles, anticipant au mieux les futurs usages et technologies. Car il est devenu tout aussi évident que la fibre, même déployée partout, ne répondra pas, et à elle seule, à une demande de connectivité mobile généralisée. Ainsi, et pour offrir une expérience utilisateur de qualité, permettre le développement de l’internet des objets et des territoires intelligents, le recours à des technologies radio, 4G ou 5G, ne pourra plus être considéré comme un simple palliatif à une difficulté de connexion de zones isolés mais devra désormais être pensé comme le socle du très haut débit.

L’ambition de ces 12èmes Assises du Très Haut Débit est de porter haut et fort ces messages qui appellent à un effort supplémentaire de tout l’écosystème pour relever d’urgence ce défi devenu vital de l’aménagement numérique de nos territoires.

 

Jacques Marceau

Président d’Aromates

Membre du conseil scientifique de l’Institut de la Souveraineté Numérique

Co-fondateur des Assises du Très Haut Débit