Edito


Relance à très haut débit !

Alors que les objectifs d’aménagement numérique du territoire fixés par le gouvernement devaient être atteints grâce à un effort sans précédent de la filière « Infrastructures numériques », la crise sanitaire a considérablement freiné, et parfois même stoppé, un déploiement dont cette même crise a brutalement souligné la dimension stratégique et le caractère essentiel. 

Un paradoxe dont toute la filière, des sous-traitants de terrain jusqu’aux grands opérateurs, tente à tout prix de limiter les conséquences susceptibles d’être délétères tant il est clair que, et la crise sanitaire en a apporté une nouvelle fois la preuve, la France a besoin de réseaux THD performants, fiables et souverains.

En effet, si, en dépit d’un strict confinement, les Français ont pu continuer à travailler, à apprendre, entretenir des relations sociales, faire leurs courses ou se distraire, c’est bien grâce à nos réseaux numériques !

Ainsi, il est probable que la crise sanitaire ait fait gagner plusieurs années dans l’adoption de nouveaux usages comme le télétravail, les télédéclarations ou autres téléservices. Elle a aussi, et même si les réseaux « ont tenu », brutalement mis en lumière l’absence de couverture de trop nombreux territoires et, au-delà, des défauts de qualité ou des débits insuffisants qui ont interdit de nombreux usages, gêné la poursuite de l’activité, et exacerbé la fracture numérique territoriale.

Cependant, si le numérique a permis à la France de ne pas s’arrêter, il faut maintenant qu’il soutienne sa relance, contribue à sa réindustrialisation et la relocalisation de ses activités stratégiques. Car la crise sanitaire, et bien au-delà de mettre en évidence la dimension stratégique et vitale des réseaux et services de télécommunications pour notre pays, a révélé la nécessité d’une planification industrielle davantage concertée avec l’État et les territoires. Elle pose aussi la question de la classification de ces activités en tant qu’infrastructure essentielle. Une option qui n’est pas neutre tant elle questionne la stratégie industrielle qui préside au déploiement et à l’exploitation des réseaux très haut débit, fixe et mobile.

Une option qui questionne également l’organisation de ce qui est encore aujourd’hui un marché, certes puissamment régulé, mais qui pourrait être profondément transformé si la gouvernance publique, légitimée par la dimension vitale de l’activité, devait s’exercer encore davantage.

Jacques Marceau

Président d’Aromates, co-fondateur des Assises du Très Haut Débit