ÉDITO 2016
Sans doute le chantier le plus structurant de ce début de siècle …
En 2006, la créationdes Assises du Très Haut Débit, coïncidait avec le raccordement des premiers abonnés français à la fibre optique et l’arrivée de ses premiers services. Ces précurseurs étaient les habitants de Pau, première agglomération à l’initiative de la construction d’un réseau sur le domaine public et d’une liaison longue distance à 2,5Gbit/s avec Paris. A l’époque, les promoteurs du projet étaient considérés dans le meilleur des cas comme des doux rêveurs et dans le pire comme des gaspilleurs d’argent public. Et rarement pour ce qu’ils étaient : des visionnaires. Qui, en effet, pouvait imaginer à quoi allait servir des débits de l’ordre de 100 Mbit/s et quels usages pourraient être assez gourmands, et surtout rentables, pour justifier les investissements dans de tels déploiements ? Honnêtement et reconnaissons-le, pas grand monde…
10 ans après, la course aux débits n’en finit plus et le 100 Mbit/s fait figure de « minimum syndical » tant les besoins en bande passante ont explosé.
Conscients de ce qui était en train de devenir un enjeu national, élus et politiques de tous bords se sont rapidement mobilisés pour accompagner et soutenir le déploiement de ces infrastructures devenues stratégiques car conditionnant désormais non seulement le développement économique de notre pays mais encore, son organisation sociale.
Dernière expression de cette volonté, le Plan France Très Haut Débit a pour objectif la couverture très haut débit de l’ensemble du territoire d’ici 2022 avec un investissement de 20 milliards d’euros partagé entre les opérateurs privés, les collectivités territoriales et l’État.
Cependant la volonté et l’argent seuls ne suffiront de toute évidence pas à relever ce défi.
En effet, la diversité croissante des acteurs, des projets, des technologies et des offres tarifaires pourrait se révéler être un frein majeur à cette grande ambition. L’heure est donc à l’harmonisation. Une harmonisation qui ne peut plus se limiter aux frontières de la France, mais doit aujourd’hui s’envisager dans un cadre européen, notamment dans le contexte de la reprise en main par l’Union Européenne de son avenir numérique dans le cadre de sa « Digital Single Market Strategy ». Car c’est bien de marché unique qu’il s’agit si l’on veut se donner les moyens de mettre en route une nouvelle France industrielle exploitant tout le potentiel de l’internet des objets, capable tant de redynamiser les territoires ruraux que de contribuer à la construction de la ville intelligente et durable.
Ne nous y trompons pas, l’exercice d’aménagement numérique du territoire est difficile car le temps du déploiement des infrastructures n’est pas, et de loin, celui des terminaux et encore moins celui des usages. Il nous faudra encore des années pour mener à bien ce déploiement et qui sait si les technologies qui seront en vogue dans 10 ans ou même 5, se satisferont des réseaux en place ou bien même s’en affranchiront ?
Sans avoir la prétention d’apporter une réponse à chacun de ces enjeux, cette 10ème édition des Assises du Très Haut Débit a une nouvelle fois vocation d’en débattre avec toutes leurs parties prenantes : élus de terrain, législateur, régulateur, réseaux d’initiative publique, opérateurs, équipementiers et intégrateurs, etc. Avec l’ambition d’apporter leur contribution à ce grand chantier structurant et essentiel pour l’avenir de notre pays.
Jacques Marceau
Président d’Aromates