Edito_________________________

Qui aurait pu imaginer, si ce ne sont des auteurs de science-fiction, que les infrastructures du numérique seraient un jour appelées à être le pilier d’un écosystème numérique devenu non seulement la clé de voute du fonctionnement de nos sociétés mais encore le garant de leur souveraineté ?
Souvent moquée pour ses « virages ratés » dans le domaine du numérique, la France fait néanmoins partie des pays dotés d’infrastructures du numérique (réseaux fixes, mobiles et satellitaires, datacenters) maillant la totalité de son territoire et capables d’offrir la latence et les capacités de calcul nécessaires, à sa transformation numérique et à sa participation à la course au développement de l’IA. Mais aussi, et peut-être surtout, d’une électricité de qualité et bon marché grâce à son outil de production nucléaire.
Souvent absentes des débats sur la souveraineté numérique et sur l’IA alors qu’elles en sont le socle, les infrastructures réseau de la France n’offrent toujours pas le niveau de qualité, d’autonomie, de sécurité et résilience qu’exige leur caractère dorénavant vital. Et ce, d’autant que leur virtualisation les rend tout aussi sensibles aux cybermenaces que les logiciels et autres équipements informatiques.
En effet, face à des événements climatiques extrêmes, d’attaques malveillantes ou pressions de puissances étrangères hostiles, voire de simples confits commerciaux avec des fournisseurs stratégiques, nos réseaux sont peu préparés et mal armés.
De surcroît, le fonctionnement et la sécurité des infrastructures du numérique sont désormais dépendantes de celui d’autres infrastructures : énergétiques, de transport, d’eau (pour les datacenters) ou industrielles (usines de semiconducteurs, etc.). Une interdépendance qui nécessite désormais de considérer ces infrastructures et leurs articulations comme un ensemble cohérent et indissociable.
Au-delà de faire le point sur ces questions, cette nouvelle édition des Assises du Très Haut Débit et des Infrastructures du Numérique ont l’ambition de contribuer à ce que les infrastructures du numérique de la France ne soient plus, à minima, un facteur de risque mais au contraire un atout au service de sa souveraineté, de sa sécurité et de sa résilience face aux défis du futur.

Jacques MARCEAU, président d’Aromates, co-fondateur des Assises du Très Haut Débit et des Infrastructures du Numérique